#InfraPerec (Recueil de tweets)
Le vendredi, pendant 54 semaines, du 31 janvier 2020 au 12 février 2021, Emmanuel Vaslin nous proposait sur Twitter d'alimenter le hashtag dédié à l'infra-ordinaire ou infra-quotidien cher à Georges Perec. Poursuivant mon expérimentation d'une écriture sans A, j'ai donc joué le jeu.
Voici mes contributions ici récapitulées, parfois légèrement retouchées à leur relecture. Quelquefois, je me suis autorisé à m'épancher méchamment au-delà des 240 caractères. Attention, j'ai pu parfois m'inventer un personnage ! Que mon illustratrice soit ici remerciée pour avoir transposé certains de mes tweets.
1. LE PLAFOND DE LA CHAMBRE A COUCHER
C’est un ciel de poutres et de boiseries d’un turquoise un peu mièvre, qui m’observe du tréfonds de mes rêves. L’ennui c’est que je ne m’en souviens que très peu, et ce psy fidèle reste incorrigiblement muet.
2. MA BOITE AUX LETTRES
J'utilise quotidiennement une boîte de réception (et d'envoi) numérique. Celle qui existe en dur, loin d'ici, est située en bout de chemin. Les fruits roses d'une symphorine l'ornent en hiver. Mes vioques y reçoivent encore des refus d'éditeurs et des relevés de compte morbides.
3. L’INTÉRIEUR DE MON FRIGO
Mes légumes se tiennent mieux hors du frigo. Icelui, divisé entre voisins de couloir, n'est nôtre que quelques mois. Privé de bidoche, il est l'hôte provisoire de quelques humus industriellement colorés, qui pour le mordorer concurrencent des pots de confitures certifiées bio.
4. MA RUE
Quelle rue ? Perché sur mon immeuble, on voit une route. On l'entend surtout du T1. Son ronronnement indique comment se porte l'économie. Côté sortie, une piste fréquentée des vélos mène vers l'université et un couloir motorisé permet de rejoindre Bennekom.
5. MON TROUSSEAU DE CLEFS
Tiède quotidienneté synonyme d'enfermement : tu m'emmerdes. Peu m'importe le sot trou qui crouille mon logement provisoire, les clefs de mon histoire, certes dérisoire, sont multiples, moirées plus que noires. Seules les Moires le suspectent.
6. MA PORTE D’ENTRÉE
En plein milieu du couloir commun, lorsqu'elle pivote, le seuil doublé, on se rend compte des vestes qui pendouillent sur elle. On peut penser qu'elles se bousculent, lorsque l'une d'elles tombe et rompt l'espèce de silence qui trône sur l'unique pièce où je dépense mes jours.
7. MA MONTRE
C’est une montre toute simple. En simili cuir pour homme BCBG. Peu servi. En sommeil, elle mérite de tourner un peu plus ! Qu’on lui remette donc une pile !
8. MON CLAVIER
Je ne le vois même plus
Couvert d'une pellicule
Qui brille sous le bulbe
J'y construis mille bulles
J'y déverse les premiers jets
J'y déguise mes blessures
J'y esquisse bien des projets
Lui susurre les mélodies
Qui purulent en mon esprit
Pour pourrir ou pour de rire
9. MON TÉLÉPHONE
Teinté d’huiles essentielles contre les microbes, noir en veille ou lumineux bloc-note, il consomme trop d’énergie, rend con : twitteur compulsif, les news défilent sous mon doigt, bien que l’indium et mes yeux s’épuisent.
10. MES CHAUSSURES
Le plus simple bonheur n'est-il point de les retirer et sentir enfin le sol sous son poids ?
Sur le seuil qui compte pour moi, mes pompes exhument bien logiquement une odeur de pieds. Celles que je préfère, mi sport mi ville, sont censées me donner un côté bon chic bon gendre.
11. MA TASSE
Plein d'écorces diverses, de clous de girofles et d'herbes récoltées le long des chemins creux, mon mug mouille mes lèvres, hiver comme été, de boissons qui tiédissent trop vite, brûlent des jours toujours trop courts.
12. MA VOIX
Est-ce pourquoi je préfère écrire ? Monocorde, monotone, est-ce qu'un sonotone le déforme ? Mon timbre (m')ennuie, (m')énerve, (m')indispose. Mes mots les plus doux deviennent ironiques. Je crois que le téléphone ou l'enregistreur rendent son écho plus irréel encore.
13. MON SAC A DOS
Gibecière ou musette ? Peu importe. Bleue sombre, bien propre, de type sportive, elle s’enfourche gentiment sur le dos et pour contenter nos ventres – puits inextinguibles - se remplit de courses qui diminuent notre bourse. Ô science, pourvois donc les hommes de photosynthèse !
14. MON RÉVEIL
Chômeur-cueilleur, j'ouvre les yeux luxueusement seul, entre 8 et 9. Forcément, mon binôme qui télébosse dort encore... Souvent je réveille mon téléphone pour qu'il me donne l'heure. S'il est moins de 8h je referme les yeux. Sinon je pince le bouquin le plus proche.
15. MA FENÊTRE
Je regrette le bow-window de l'unique pièce de mon logement quitté cette nuit, même si, orienté nord-est, peu de lumière le pénètre. Deux poignées permettent d'ouvrir ou de fermer selon l'envie du moment... Respirer ou goutter le silence? Choix souvent cornélien!
16. MOT DE PASSE
Depuis peu, un logiciel infiniment plus subtil que moi ouvre les portes de mes identités multiples. Il me reste ceci dit quelques formules secrètes, dont je crois m'être solidement entiché, pour pénétrer des sites Internet souvent plus ennuyeux que mystérieux.
17. MON MASQUE
En tissu multicolore, et multifonctionnel, il filtre pollens, poussières et virus potentiels. Je lui pince le derrière lorsque j'éternue sur le pli du coude. On doit le mettre sur le feu pour pouvoir le réemployer.
18. MA PEAU
Elle fonce ou rougit selon son exposition et le degré d'ensoleillement. Des sillons s'y forment lentement, surtout sur le front. Mon épiderme est constellé de poils et de pores qui se renouvellent subrepticement, presque identiques, un peu comme les idées, en silence.
19. MES COUVERTS
Plus communs que mes couverts tu meurs d’ennui. Seule m’importe une copie d’Opinel, bien utile pour ouvrir les citrouilles et mettre en fuite les robins des bois.
20. MES VOISINS
Équipés d'engins coupeurs de pelouse et broyeurs d’insectes, mes voisins font trop de bruit ; excepté un couple qui cultive ses légumes sous un chêne émondé, pour compléter leurs pensions ridicules, s’occuper ou pour le simple bonheur de voir pousser.
21. MA BROSSE A DENT
Froide mention de l'ère industrielle, les deux brosses vertes en pétrole durci que j'emploie récursivement le soir sont moins écologiques que les petits bouts de bois plein de vertus qu'on mordille encore souvent, en toute heure et tout lieu, sous les tropiques.
22. MA DÉMARCHE
- De dos, on croit voir ton père.
En plus petit, oublie-t-on (gentiment) de préciser.
- Sérieux ? Je lui ressemble ? Le dos un peu voûté, les guibolles cintrées, je veux bien croire. Et ses tics du cou ? Que Dieu m'en préserve !
23. MES CHEVEUX
J’utilise mes doigts pour les peigner. Leur densité exceptionnelle fit des envieux et des moqueurs. Présentement mi-longs (pour un homme), d'un brun presque noir, quelques-uns couleur de sel ont récemment pointé sur mes tempes.
24. MES SECRETS
Mes secrets sont peu nombreux. Ce sont plutôt des idées personnelles ou des demi-vérités que je cède quelquefois lorsqu’une oreille distinguée se présente. Sinon, je les sème sur des feuillets, le plus souvent sous des formes impossibles: déguisés, triturés, détournés. Privé de ressources extérieures comme d'esgourdes indulgentes, sur mon bout de rocher, je tente d’exhumer, lorsque j’écris, le fumier des non-dits, en circuit fermé, comme une fougère isolée recycle ses débris en humus.
25. MES ALBUMS PHOTOS
C’est presque toujours Père qui les prit, mes photos de jeunesse. Le tri, les légendes, sont de Mère. On peut voir que Père est très cliché : postures étudiées, fleurs sous le nez, longues poses, sourires forcés… Le numérique limite ces moments de gêne.
26. MON MICRO-ONDE
Si je pense micro-onde, je vois mon père équipé d’une serviette, sortir cérémonieusement son bol plein d’une mixture en ébullition, son petit déjeuner. Trop superstitieux pour utiliser cette technologie de l’invisible, je préfère voir le feu qui lèche les poêlons.
27. MON LIT
Mon lit en bois est un moyen de locomotion et de reconnexion rustique. Il suffit d’en éloigner les moustiques et de se positionner en chien de fusil pour dériver vers des contrées où l’on coudoie des morts quelquefois, des inconnus souvent, des oubliés surtout.
28. MES CONGES
Selfies impromptus et photos d'insectes, orgies de silence et de mûres, visites d'église, dodos sous les étoiles, mer et forêt en quête d'ions positifs, ploufs et pique-niques sur le pouce, kilos perdus, le dos plein de kilomètres pour se vider l'esprit.
29. MES BIJOUX
Voici mes bijoux : une gourmette en or dort d’un juste sommeil, mon prénom inscrit comme sur l’étiquette d’un jeune poivron en pépinière. Le tour de mon poignet n’est plus le même. D’un tour du côté de Popenguine, il me reste un psellion ethnique, on ne peut plus impersonnel.
30. MON HISTORIQUE DE RECHERCHE
J'oute notre dédoublement d'identité, divulgue notre historique de recherches. Sur le web, nous dévorons des photos de minous, picorons des tutos de féminisme, entre deux visites en premium bien sûr, sur le JDD.fr pour prendre des nouvelles du monde.
31. MES ANCÊTRES
Modestes ou populeux, mes prédécesseurs ont semble t-il très peu bougé. De mémoire d’homme, ils ont cultivé les terres d’heureux héritiers de titres de propriété. Toute leur vie, ils récoltèrent des pommes et en firent un cidre bien connu pour donner des forces.
32. MES RÊVES
Ce midi, le déjeuné pris sur l'herbe, je me suis endormi. Tout juste réveillé, je me suis dit : "c'est fou le nombre de songes obscurs qu'une micro-sieste peut contenir". Ce soir, je découvre le thème. Eh bien, pour tout vous dire, je rêve plus souvent discussions politiques que méli-mélo érotiques... Tristes nuits... Quelquefois, je me lève en sueur pour noter un simple jeu de mot que bientôt le petit jour rend moisi.
33. MON NOMBRIL
Comme une césure d’hémistiche, bien que des poils contigus l’obscurcissent, mon nombril reste limpide, droit, propre, net ; il me semble moins biscornu et plus honnête que le vôtre : rentré, profond, enfoncé, obscur ou ténébreux.
34. LE CHAUFFAGE DU SALON
Les cheminées sont
des tiges d'encens censées conjurer l'hiver. Derrière mon insert,
inverseur de photosynthèse, tous les bois font feu. Je
me délecte de reproduire les gestes éculés : récolter des
brindilles, fendre des bûches, édifier des tours de bois verts que
les pluies lessiveront, le rentrer une fois sec et enfin mixer les
essences envoyées vers les cieux, vers les dieux.
35. MON GRILLE-PAIN
Je préfère le kouign-hymen lentement doré type croque Monsieur, plutôt que le grille - dernier cri - brioche (d'orge mondé, gluten free et toutefois low cost) de mon cher et tendre, dont le bruit sec si prévisible et en même temps imprévisible, me donne des boutons.
36. MA POMME DE DOUCHE
Ô pomme de douche et de discorde,
sous toi nul secret
je viens nu comme un vers
et mon corps défendu telle Ève
te croque de désir
ô ô ô ô ô ô
ô ô ô ô ô ô
ô ô ô ô ô ô
37. LE TRAJET DU TRAVAIL
Intérimerde, lorsque mes indemnités se terminent, je pose mon livre et me lève tôt, enfile des bottes de sept lieues ou deux de mes dix tongs, selon le ciel, pour me rendre sur le lieu du devoir citoyen, enzyme d'une vie honnête, sel du quotidien. Si l'idée me vient de prendre sur le pouce un bol de verdure ou un thé noir sur un zinc, des fois qu'un pic épeiche m'interpelle, un jolie bonze me déconcentre, ou quoi que ce soit qui induise un contretemps… Illico mon chef me renvoie mendier sur les lignes du RER, où l'idée de mettre mon corps envers et contre tous, presto, me revient, lumineuse. Lors, je revois les trombines chéries, mes yeux se brouillent, et je respire un peu plus fort.
38. MES TWEETS
Primo, j'eus twitté le début de mon pensum. Ensuite, je me suis diversifié. Je tente enfin de suivre le tempo du vendredi, où il est question des recoins oubliés du quotidien. Croquer l'immobile. Les ethnologues du futur pourront-ils exploiter nos pépiements futiles ?
39. MON PIED DROIT
Le droit, c’est mon « bon » pied, celui duquel je tire, je centre, je bloque le globe ludique. Sur le dessous, le souvenir d’une infection, des béquilles, des soins douloureux de l’infirmière. Je me souviens des orteils de mémé : le grec qui mord sur les plus petits. Les miens prennent le même chemin. Tiens, je dois leur couper les ongles.
40. MES COUDES
Conformément constitués, entre cubitus et humérus, mes coudes sont osseux. Le derme du pli externe évoque le poulet plumé. Ils peuvent fermer les robinets et (suis-je un défenseur dur sur l’homme ou emprunté?) terminer sur les gencives de quelques myrmidons opportunistes.
41. MES LUNETTES DE SOLEIL
Dieu merci le ciel breton m'en préserve quotidiennement, vu que les lunettes de soleil me brûlent entre les doigts... c'est le genre d'ustensile que je perds tout de go. L'été, si je pérégrine vers le sud, je chine les moins chers ou dépoussière un lorgnon oublié.
42. MON JARDIN
Chez moi, les noisetiers meurent et on expérimente les buttes et l’électroculture. On veut du soleil, des couleurs et des légumes. Point trop terreux si possible... on préfère les légumes du soleil. Chez moi comme chez vous peut-être, on ouvre le sol pour y semer quelques fleurs, on tronçonne, on blesse et on soigne, on nettoie, obsédé de propreté, on guide, on tresse le kiwi ou le goji puis on le coupe, excédé de tous ces fruits blets qu’on ne peut plus voir en peinture. On préfère les clémentines importées, dont on composte les pelures pour se donner bonne conscience. Est-ce bien chez moi ? Les feuilles qui tombent dévoilent des rouges-gorges qui se croient chez eux. Nous ne sommes qu’un coup de vent. Nos corps empruntés cochonnent tout.
43. MES TICS DE LANGAGE
Ontologiquement muet, je ne m’exprime que pour toi, lecteur. Ce rude boulot déforme son homme. D'où mes tics d’écriture — ont-ils l'effet comique voulu ? — qui sont des gruges dûment réfléchies : onc, voili voulou, merdre, crotte de bique, tkt, kif-kif bourricot.
45. MON DIMANCHE MATIN
Souvent, pour commencer le 7e jour, je me sustente d’émissions confessionnelles. J’écoute des curetons prophétiser et des bonzes ergoter. Je rêve, le temps que mon ventre ne s’éveille, d’une vie de cénobite, d'un éther émotionnel exempt des contingences quotidiennes.
46. FACTEUR
Les livreurs sont légion, jeunes et pressés, qui sillonnent les rues, toquent les portes, trouvent des coins discrets où fourrer leurs colis. Le distribueur de lettres, lui, doit être en grève illimitée... Depuis le temps qu’il doit me porter le premier glyphe !
47. MES CADEAUX
Mes remps se sont toujours trompés sur les objets de mes désirs, d'où, peut-être, cette phobie des objets inutiles qui m'empêche de ressentir le bonheur de délier les furoshikis ; en miroir bien souvent j'offre de quoi nourrir le corps ou lénifier une blessure.
48. MON LAVE
VAISSELLE
Le gueuleton terminé et les invités enfuis, rien ne
peut me priver du bonheur d'éponger silencieusement les restes,
récurer en un clin d’œil les poêles enduites de cendres, noyer
les couverts, les repêcher indemnes, puis rincer, essuyer, voir le
bouillon s'engloutir.
49 . MA BIBLIOTHÈQUE
Mes livres ? Trop libres pour une bibliothèque ! Les derniers venus occupent des lutrins improvisés. Ils rejoindront ensuite des tiroirs secrets, s’enchevêtreront sous mon lit en un guillochis boiteux ou combleront quelque renfoncement frigorifique qu’ils isoleront de leur mieux de l’extérieur hostile. Une liseuse oubliée en renferme des millions. Expérience sensuelle d’une froideur virtuelle, elle renferme le génie de l’infiniment petit, du toucher frustré et des mots qui s'envolent comme les rêves rencontrés une nuit sur mille.
50. MES LISTES
Je m’enkyste
de listes de livres non-lus
de munitions
de culs rêvés
de fonds de cuve
de verbes irréguliers
de rêves dégoupillés
de renoncements en vœux pieux
de définitions
de semences éperdues
pollens envolés
déposés en des zones
indéfinies, perdues.
51. CHEVET
En guise de chevet, souvenir d'une étrenne éloignée (communion), un tourne-disque qui ne tourne plus rond (il tri ses disques, dirons-nous), près duquel les Pensées pour moi-même, divers missels, un fouillis de notes, et pour briser l'ennui, des sextoys en tout genre.
52. MON FUTUR
Comment que j’vois mon futur ? Le zigoto est-il écrit ? Je peux bien émettre des vœux pieux : trouver une rente, un lopin, construire une turne, fonder un foyer, lire, rire… Tout c’que j’veux c’est être heureux. Même qu’on le soit tous en même temps. On en est loin !
53. MÈRE
Mère de tous mes vices, selon Œdipe. Origine de mes cellules.
Mère.
Combien de temps encore refouler mes sentiments pour toi
Qui me soutient, tente de me comprendre
Me donne le sein et le meilleur de toi-même
Mère pudique
Mon unique mère
Qui pour moi se démultiplie ?
54. MA DISPARITION
Rien ne se perd, tout se reforme. On peut bien tenter de se supprimer en pleine conscience. Pour solde de tout compte, il reste toujours quelque chose. Décomposition. Recomposition. Élision. Réintroduction. Dispersion des cendres. Retour du refoulé en pleine gueule. Il suffit d'une légère brise, d'un imperceptible zéphyr. Quoiqu'il en soit, on rejoint le lit d'une rivière. Le dégueulis de molécule devient fine couche de sédiments. Des métempsychoses s'opèrent. On est enfin pluriel. Infini. C’est décidé, je reste. Pire, je me multiplie.
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