Chroniques et interviews

4 juin 2012

Le blog lavierennaise collabore avec les éditions Rue Nantaise, rennaises bien évidemment, pour écrire des critiques littéraires sur leurs livres. Ceci est la troisième critique littéraire avec le livre Des cons et consorts d’Emmanuel Glais. Un livre qui confronte les critiques littéraires à leurs raccourcis trop rapides. Ce n’est pas LE livre de l’année, c’est un premier livre qui vaut ce qu’il vaut mais qui montre une véritable culture littéraire de la part de l’auteur, un goût prononcé pour l’ironie et une réflexion intéressante sur la condition du livre en France.

Le livre Des cons et consorts écrit par Emmanuel Glais, en 2011, a tout pour plaire aux étudiants, dont je fais partie. En effet, ce livre zoome sur la vie de Jonathan, pendant trois ans, de 2012 à 2015. De dix-huit à vingt-et-un an, le lecteur suit la vie de ce jeune homme, tout jeune lauréat du baccalauréat jusqu’à la fin de sa licence d’Histoire à l’université Rennes 2 Haute Bretagne.

Le début du livre commence par un Jonathan qui doute sur sa vie amoureuse. A dix-huit ans, rien d’anormal. Sabine, sa petite amie, l’a trompé et il l’a su par des amis quelques temps après. Prostitution, pornographie, adultère, Glais appelle un chat un chat et, un peu à la manière de Beigbeder, Lolita Pille et Virginie Despentes, écrit des phrases claires, nettes voire dures dans leurs propos. Sa famille est inexistante dans le livre. Il éprouve une profonde indifférence à l’égard d’un peu tout excepté sa sexualité, la littérature et l’Histoire.

« (…) on ne peut pas dire qu’il se passait grand-chose dans la vie de notre protagoniste. », écrit Emmanuel Glais. En effet, un peu comme tout le monde, il ne se passe pas grand-chose dans la vie de Jonathan. Il n’a pas ou peu d’amis. Les seuls qui le considèrent comme tels, il n’en a que faire.

Le défaut, dans ce livre, c’est qu’on ne sait pas où l’auteur veut en venir. S’enchaîne voyage en Tunisie, dépression, Houellebecq, politique, second mandat de Nicolas Sarkozy, filles et sexualité, sans vraiment de cohérence. Comme si on avait l’impression que l’auteur s’était dit « Tiens, je vais lui faire faire ça aujourd’hui. »  Morose, antipathique, désenchanté, Jonathan n’est pas l’ami qu’on souhaiterait avoir.

Une fin, il n’y en a pas vraiment. Elle tombe comme un cheveu sur la soupe. D’ailleurs, dans le livre, le narrateur ou l’auteur, on ne le sait pas, fait des apartés et l’écrit lui-même : « Cependant, une question se pose : comment termine-t-on ? » En tout, il y a trois interventions de ce narrateur omniscient. Est-ce l’auteur ? Est-ce quelqu’un d’autre ? Ce sont des remarques sarcastiques mais qui font rire : « Prétexte pour vous prendre du temps, et pour vous dire à vous-même « J’ai lu un livre » ».  En effet, j’ai lu un livre. Et la seule chose qui m’a touché à propos de Jonathan, c’est toute sa réflexion, à des moments un peu culpabilisante, sur les Sans Domicile Fixe (SDF).

Pour pouvoir critiquer ce livre de façon argumentée, j’ai été voir la biographie de l’auteur Emmanuel Glais. Vingt-et-un an, licencié d’Histoire, écrivain et journaliste à ses heures, Emmanuel Glais se veut sans prétention. Les éléments similaires entre lui et son personnage principal sont troublants. Emmanuel Glais et son premier livre confronte les critiques littéraires à leurs raccourcis trop rapides. Non, ceci n’est pas une autobiographie transposée dans le personnage de Jonathan. Glais confie même dans une interview : « Je ne me cache pas derrière un personnage de fiction. », « [Jonathan], c’était plus celui que je détesterais être. »

Deuxième chose qu’un critique littéraire a tendance à vouloir faire, trouver un sens, un intérêt au livre qu’il lit. A la fin du livre, je me suis dit « D’accord, mais quel est l’intérêt ? ». Au final, aucun. Le livre est né à partir d’une nouvelle à laquelle Emmanuel Glais n’arrivait pas à donner de fin. Il n’a pas su en trouver une pour le livre mais, tant pis. Au moins, il le reconnaît. Le plus intéressant, pour moi, a été les réflexions écrites en italique de cet auteur/narrateur, celles de la prostitution, de l’indifférence des personnes les unes entre les autres et de cette « souffrance collective » que subit l’Humanité. J’ai beaucoup aimé la mise en relation de Jonathan et Sabine avec la citation du livre Les Souffrances du Jeune Werther de Goethe, qui présente la deuxième partie du livre.

Au final, le livre n’a un intérêt que si on ne lui en trouve un. Portrait d’une société pleine de désillusions pour les uns, livre qu’on lit rapidement et qu’on oublie facilement pour les autres, en tout cas, Des cons et consorts a eu un intérêt pour moi, critique littéraire. Celui de ne pas tomber dans les raccourcis trop rapides de l’autofiction et du portrait désenchanté du vingt-et-unième siècle.

https://lavierennaise1.wordpress.com/2012/06/04/critique-litteraire-3-des-cons-et-consorts/ 




Des cons et consorts, un premier roman d'Emmanuel Glais

25 Août 2011

 

Il faut parfois être de parti pris. Les premiers romans d'auteurs inconnus sont parfois plus intéressants, en cette nouvelle rentrée littéraire, que les nouvelles productions souvent formatées des stars littéraires qui vont s'empiler sur les tables de nos librairies.

Certes, écrire régulièrement des articles sur des premiers romans est un risque. Une sorte de loterie pourrait-on dire. 

"Des cons et consorts" devrait plaire à un large public, si...



Oui il y a un si...



Ce petit roman devrait vous plaire, si vous aimez Houellebecq. Car non seulement il a quelques affinités électives avec ce romancier médiatique surfait, (pardon pour le pléonasme) mais son nom revient de page en page tout au long de ce roman, des fois que le lecteur ne puisse arriver à comprendre vers quoi tend la vie de Jonathan.

 

Car Jonathan est le personnage principal, assez seul le pauvre Jonathan, malgré Sabine ou Ilona, ou un ou deux potes, qui hélas pour nous, ne sont souvent que de fragiles silhouettes sans atteindre au statut de personnage.

Donc Jonathan. Vrai personnage houellebecquien en diable, qui dès la première page quitte la lecture de Vian pour un site porno baptisé Youporn, sous prétexte qu'il est "plus sain de se branler sur les images d'une salope américaine que sur l'idée d'une trop jeune fille". (Page 9).

Remarquons l'élégance du propos, et au cas le lecteur n'aurait pas encore saisi le sens, le consternant "Plateforme" de Houellebecq vient surenchérir.

 

Notre Jonathan est étudiant à Rennes, et nous sommes en 2015 alors que Sarkozy a entamé son second mandat.

Je sais, là,  cela s'approche un peu du cauchemar...

Jonathan a une vie vraiment dure, ses cours ne l'excitent pas trop, sa copine le trompe, sa famille s'éloigne de lui.

"Qu'est ce que je peux faire...J'sais pas quoi faire (Karina chez Godard, pour les non cinéphiles).

Alors ce roman devrait vraiment vous plaire si vous aimez les belles histoires d'étudiant  qui s'ennuient  et qui donc vont voir des prostituées.



Ce roman devrait aussi vous plaire, si vous êtes un supporter du Stade rennais, car on a droit à deux pages sur les joies procurées par cette fantastique équipe de foot.



Alors bien évidemment si parmi nos lecteurs il y a des étudiants qui s'ennuient, lecteurs de Houellebecq, amateurs de foot et fréquentant les prostituées, on ne peut que conseiller de vous précipiter chez votre libraire pour acheter ce roman.



On pourrait allonger la liste à la Prévert, mais l'inventaire serait un peu vain.



Surtout quand vous saurez que Jonathan nous fait l'éloge de la télévision "La télévision n'est pas un média pourri. Même TF1 ne peut être réduit à un vendeur de temps de cerveau disponible, quoi que Patrick Le Lay en pense." (page 98). Et qu'à un autre moment notre ami Jonathan songe à la possibilité de devenir espion (page 99)...



Sans oublier quelques pensées hautement philosophiques :



"En fin de compte, une manifestation c'est un extraordinaire concentré de mépris." (page 47)

 

Heureusement quand même un point fort dans ce premier roman, la quasi absence de dialogues, une grande chance, car lorsque dialogues il y a cela donne cela :



"Je n'ai rien de mieux à faire que de t'accompagner" assura Jonathan à Ilona.

"Comme tu veux", répondit-elle.

 



Vous l'avez compris sans doute Jonathan est un personnage parfaitement antipathique avec lequel personne ne voudrait partir en vacances. Surtout quand il se retrouve en Algérie, et nous inflige quelques lignes consternantes sur la belle ville d'Alger. Séquence d'autant plus douloureuse, que l'auteur de ces lignes a eu la chance d'y séjourner...Il est rare de passer autant à côté d'une ville...

 

Il est souvent de tradition de dire qu'un premier roman est autobiographique, espérons pour l'auteur que cette fois cela ne soit pas le cas.



A noter quand même la réussite de la couverture avec Egon Schiele.

 

Dan29000

 

Des cons et consorts

Emmanuel Glais

Editions de la rue nantaise

2011 / 156 p / 14 euros

http://danactu-resistance.over-blog.com/article-des-cons-et-consorts-un-premier-roman-d-emmanuel-glais-81996383.html








18 avril 2020, Responsable

http://leslecturesdemaryline.eklablog.com/responsable-a184441350?fbclid=IwAR1V_6P7iW5mrHG8GZjrHB5skHz5iNhjxlwHuj_s5Yr6G0EV7krkTgAnH8Q

Mon avis :

Dans ce recueil, l'auteur aborde différents thèmes de la vie quotidienne en ciblant les regrets qui vont avec.

1- J'ai beaucoup aimé cette première nouvelle sur la culpabilité et le fait de réfléchir à sa façon de la vivre... ou pas. Par contre, je n'ai pas compris la fin.

2- Cette nouvelle est un peu trop courte, il n'y a pas vraiment d'intrigue, juste une information, une sorte de bilan d'un documentaire sur les oiseaux. Inintéressante.

3- Cette histoire courte nous raconte la peur d'un futur papa... Mouais, bof, sans vraiment d’intérêt pour moi.

4- L'auteur sait, ici, tenir en haleine le lecteur. J'adore!

Finalement, ce mini recueil est en demi teinte pour moi. J'ai adoré la dernière nouvelle qui est pour moi la plus aboutie. La première est vraiment très sympa mais les deuxième et troisième ne sont pas vraiment travaillées pour moi. Elles n'ont pas vraiment d’intérêt et c'est assez dommage de les mélanger aux deux autres. Un auteur surement bon écrivain (quand je lis la dernière nouvelle, j'en suis convaincue), mais qui devrait peut-être se concentrer sur l'essentiel.






Quasi-Lipogramme en A minor ou La réintroduction, d’Emmanuel Glais

Publié le 18 février 2020

Un après-midi d’août en 2019, alors que je profitais du rayonnement puissant du soleil en Sardaigne, sur la terrasse d’une petite maison de location, avant de repartir à quelques kilomètres de là sur une crique presque sauvage, je laissais mon pouce gesticuler comme à son habitude sur l’écran lisse de mon smartphone.

Le défilement des tweets provoquait en moi un ramollissement de la cervelle – déjà bien entamé par la chaleur méditerranéenne – duquel je n’arrivais pas à m’extraire. Ma passivité intellectuelle extrême devant cet état léthargique (trop habituel et ordinaire à mon goût) était à deux doigts de me pousser à verrouiller l’appareil et à le jeter d’un geste exaspéré sur la table plastique de la terrasse, quand je suis tombé, je ne sais comment, sur un tweet qui capta mon attention.

C’était un thread : je rebondissais d’un aphorisme à l’autre, accroché par les tournures élégantes, le style incisif et la voix particulière que j’entendais en lisant ce texte.

Bientôt, j’avais lu l’équivalent d’une micronouvelle habilement ciselée en tweets. L’ensemble n’en était que plus percutant. Intrigué, et admiratif devant l’idée, je me suis intéressé au compte derrière ce corpus disséminé sur le réseau social. Je découvris alors qu’Emmanuel Glais, l’auteur, avait produit tout un manuscrit et qu’il cherchait un éditeur.

Comme une cohorte massive d’aspirants et d’aspirantes auteur(e)s, il se heurtait à la violence froide et silencieuse des refus en cascades.

J’ai donc rencontré Emmanuel Glais sur Twitter, cet été 2019. Nous avons commencé à échanger, à parler de la difficulté de se faire éditer une première fois, et de fil en aiguille, la confiance s’installa, et Emmanuel me fit la gentillesse de m’envoyer son manuscrit sous une forme complète et plus lisible que ses threads Twitter.

Quasi-Lipogramme en A minor ou La réintroduction raconte le quotidien d’un jeune homme esseulé, Hubert-Félix qui aspire à trouver sa voie dans une société qui lui échappe, dans un quotidien dans lequel il ne se reconnait plus, ou si mal.

La réintroduction, Emmanuel Glais — Couverture, éditions Maïa

C’est décidé, il va se lancer, et créer une activité qui conjugue utilité sociétale, engagement éthique et convictions personnelles : Hubert-Félix va collecter les appareils électroniques oubliés chez ses voisins, et compte ainsi créer une économie salvatrice qui, d’une part contribuera à créer un cercle vertueux autour de lui, et d’autre part, accessoirement, lui permettra de vivre.

L’idée est noble, mais est-elle efficace, est-elle productive, au sens moderne : permettra-t-elle au narrateur de ce journal de bord de gagner sa vie ? L’écoresponsabilité porte-t-elle un réel pouvoir de développement économique ? Rien n’est moins sûr.

Cette initiative sert de prétexte idéal à l’auteur pour promener son personnage d’habitations en habitations, et nous permet ainsi de nous faire découvrir une galerie de portraits. Tel un anti-VRP, Hubert-Félix frappe aux portes, sonne, s’introduit, du mieux qu’il peut dans le quotidien de ses voisins. Il collecte, difficilement, les appareils jadis luxueux, aujourd’hui poussiéreux, et sert de catalyseur à l’observation de la vacuité omniprésente de notre société de surconsommation. Un produit en chasse un autre, nourrissant le trou noir éternel et insatiable de la pollution humaine. Hubert-Félix, vaillante goute d’eau bien dérisoire face au torrent de merde que nous générons tous, auquel nous contribuons tous, complices serviles des Black Fridays, des soldes, des fêtes de Noël et autres promotions d’été, nous renvoie à la question qui me semble être celle de notre génération : exerçons-nous un métier porteur de sens, en adéquation avec nos convictions personnelles ? À l’heure où la très grande majorité des métiers qu’on nous propose servent directement ou indirectement à accroitre la puissance dévorante du consumérisme, comment se situer, comment revenir au concret, à l’utile, au profond ? Est-ce seulement encore possible ?

Cette histoire est celle de la vanité du panache écoresponsable, de la beauté du geste, une injonction à réfléchir un instant sur la possibilité (ou non), de s’intégrer dans un monde qu’on voudrait fuir.

Cette mission semble être la seule quête qui intéresse encore le narrateur, lui plus seul que jamais, vient de quitter sa compagne, et s’étonne de l’acceptation douce de cette dernière face à son envie de rupture.

Nos corps ne se mêleront plus, et donc ? Nos bouches éviteront dès lors de se communiquer des gentillesses un peu forcées. Je me sens libéré d’un poids. Plus de SMS stupides, plus de soirées chez ses copines, plus besoin de montrer d’intérêt pour ses bouquins de science-fiction… ni de mimer le big love chez Burger King.

Un décalage profond habite le héros avec son environnement, au point que même ses parents, dans une scène puissante qui surprend, amuse et intéresse le lecteur, se retrouvent à leur tour exclus, d’une manière inattendue, du référentiel du narrateur. Seul, face à ses convictions, perdu dans la jungle du quotidien, Hubert-Félix devra trouver un sens à son intégration sociale, et peut-être retrouver sa place parmi ses semblables qui lui semblent si étrangers, tous autant qu’ils sont.

Emmanuel signe un roman au style enlevé, claquant, aux tournures précises. Une lecture agréable, rafraichissante, assurément originale.

On sent que l’auteur est un amoureux du style, et peut-être, le devine-t-on amateur de l’Oulipo et de ses contraintes, car le texte de La réintroduction est écrit sans la lettre A sur la majeure partie de son corpus. Un joli tour de force, qui contribue certainement à ce style si particulier, à la tonalité de cette voix qu’on entend encore, lorsqu’on termine la lecture des aventures ordinaires et extraordinaires d’Hubert Félix.

Quasi-Lipogramme en A minor ou La réintroduction est le second roman d’Emmanuel Glais, publié aux éditions Maia.

https://alexissukrieh.com/la-reintroduction-demmanuel-glais/





Emmanuel Glais : histoire sans A(rgent)

Ecrit par Cyrille Cléran dans Autour du livre, Rencontres le 18 fév 2020 |

Quasi-lipogramme en A-minor ; ou La réintroduction : un roman stylé d’Emmanuel Glais, plein de subtilité (et constitué comme le titre l’indique sur le procédé du lipogramme*), sur la condition des quidams de province du XXIᵉ siècle tiraillés entre leurs envies de réussir, légitimes, de s’émanciper du poids des traditions familiales (ici décrites de façon assez marrante) et le quasi-désespoir qu’implique le simple fait de vivre au sein des sociétés humaines.

 

À la tête d’une auto-entreprise de recyclage, après des études à Rennes, Hubert-Félix connaît la condition des travailleurs précaires sommés d’œuvrer dans un monde désolant. Ses affaires de couple mal embarquées n’arrangent rien. « Mes difficultés économiques compensent difficilement mon infortune érotique. Je me morfonds de ne rien économiser. Tout ce que je touche, 600 € les meilleurs mois, ruisselle directement vers le portefeuille de mon logeur. » (page 46)

Hubert-Félix nous ravit néanmoins avec son acrimonie imprégnée des vicissitudes de l’époque.

« Montfort-sur-Meu, ville fleurie (une fleur seulement). L’éden espéré, enfer devenu. Les promoteurs vendent du rêve : les entrées de ville proposent des bouts de terre constructibles sur des publicités immenses. Derrière, des bicoques beiges et ternes sortent de terre comme des moisissures sur une pelure de pomelos. » (page 64)

Les petites vacheries d’Hubert-Félix touchent juste, dégommant dans le mille les inconséquences de l’époque qui n’épargnent personne, pas même le narrateur. « J’envie tout le monde, surtout les ingénieurs d’EDF et les SDF, qui exposent visiblement leur mépris des règles et des institutions, ou inversement, surfent sur les opportunités du siècle. » (page 67)

À travers le portrait d’un avant-dernier de cordée, le Rennais Emmanuel Glais** (ci-contre en compagnie de l’épagneul d’un ami chasseur) brosse le profil d’une génération soucieuse de bien-être, d’écologie, de rapports intergénérationnels apaisés, de progrès sociaux, d’émancipation. Et tout ceci passe par une critique un brin caustique mais toujours drolatique des mœurs actuelles : « Ce sont toujours des troènes et des pittosporums qui servent de brise-vues et de brise-vents. On veut se sentir chez soi, disposer de son écrin de verdure, tout petit et tout moche, et de son crédit immobilier, bien long et ruineux. » (page 49) Alors on se doute bien que les avancées majeures, pour Hubert-Félix et ses semblables, vont exiger de la persévérance, une bonne dose d’inventivité et une once d’acceptation des médiocrités innombrables qui accablent nos contemporains. Avec ce Quasi-lipogramme en A minor d’où la lettre « a » s’éclipse, très souvent avec malice, on dispose donc à la fois d’un objet littéraire assez troublant et d’une étude de cas passionnante à travers ce Hubert-Félix un chouia misanthrope, mais dont on ne comprend que trop les sentiments blasés qui semblent l’accabler.

« Tiens, une vidéo circule. On y voit le Premier sinistre et son second de cordée gloser sur l’effondrement. Ils empruntent un Boeing tous les deux jours, les cuistres. Sérieux, quoi. Et votre empreinte écologique ? Troufions ! Loustics ! Pignoufs ! » (page 73)

* Un lipogramme est un exercice littéraire qui consiste à se passer d’une lettre, en l’occurrence le « a ».

** À qui l’on doit le déjà sarcastique Cons et consorts paru en 2011 aux prestigieuses éditions de la rue nantaise (Rennes).


Questions à l’auteur


« cheminer en lisière de l’impossible »

 

  • Faute d’avoir sous la main Georges Perec (1936-1982) pour lui demander ce qui a pu lui passer par la tête pour entreprendre La Disparition, je me tourne vers toi et t’adresse la même question à propos de Quasi-lipogramme en A minor.

On oublie vite les primitives douleurs de conception. Une idée vous ronge et pour s’en délester, on est tenté de l’épuiser. Le désir de relever un défi, de cheminer en lisière de l’impossible, fut un stimuli, je suppose. Longtemps je crus écrire une simple nouvelle. Les premiers mots se couchèrent difficilement sur le fichier Libre Office, puis, lorsque je m’y suis mis pour de bon, des bouts entiers sortirent presque seuls. Tiens bon, c’est le bon bout, me suis-je écrié une nuit de pleine lune ! Et j’ai tiré, tiré !

  • Les aventures d’Hubert-Félix connaîtront-elles une suite ? Car on l’abandonne à Lille, durant son service civique et le lecteur est en droit de se demander, entre autres, si son projet de breveter un épluche-oignons révolutionnaire va ou non le conduire sur les rails de cette bonne fortune qu’Hubert-Félix, sans néanmoins se faire trop d’illusion car ce n’est pas son genre, appelle de quasi tous ses vœux ?

Eh bien que le lecteur écrive la suite, s’il considère mon livre inachevé, comme l’OuLiPo vient de le faire assez brillamment avec un roman entrepris pas Boris Vian (il avait écrit quatre chapitres et laissé un synopsis avant de l’abandonner). Si cependant le lecteur apporte plus d’importance, comme moi, à l’écriture en tant que telle qu’aux aventures contingentes et dérisoires de mes personnages, qu’il se rassure en se disant que j’écris d’autres choses, parfois sans la lettre « a », dont certaines sont lisibles en ligne (alipogramme.tumblr.com). Ce sont surtout des (tentatives de) poèmes, mais il y a aussi une nouvelle qui s’inscrit dans la continuité de ce premier travail d’écriture contrainte.

  • Peut-on considérer que la littérature sauvera le monde – ou bien même elle n’y suffira pas ?

Dans Belle jeunesse, Marek Hłasko, qui dénonce le système communiste écrit : « Moi je n’ai rien contre les Commies. Tant qu’ils feront leurs saloperies et que je pourrai m’en servir pour écrire, ça me va. »… On peut essayer de faire pareil avec toutes les menaces, mais généralement la littérature n’a pas d’effet sur le monde. C’est un message d’homme à homme, difficilement démultipliable, qui dans le meilleur des cas s’avère réconfortant.

  • Quels seraient tes derniers coups de cœur culturels ?

Je t’avouerais avoir pris une claque en lisant Mort à Crédit il y a quelques mois. C’est rigoureusement cynique et la prosodie célinienne est incroyable. En 2019, j’ai aussi été marqué par les classiques africains Le monde s’effondre, de Chinua Achebe et des livres de Amadou Hampâté Bâ. Tous deux transpirent l’horreur de la période coloniale, et en même temps, avec leurs histoires de marabouts, donnent une place au monde de l’invisible.

Au cinéma, j’y vais pas beaucoup, mais je pense que le succès de Parasite de Joon-ho Bong est mérité. Sur la société française, j’ai bien aimé Banlieusards, de Kery James, produit par Netflix faute de producteurs français enthousiastes…

Côté sorties musicales, la scène locale me comble. Les Druids Of The Gué Charrette viennent de sortir un single avec un très beau clip, et Ron kring vertebre un superbe album, avec une voix cristalline par-dessus un nappage électronique envoûtant. Je n’écoute plus beaucoup de rock, mais ces deux groupes réveillent mes instincts adolescents. Sinon j’aime bien écouter ces temps-ci un morceau de violon écrit par Bach, la Chaconne de la 2ᵉ Partita en ré mineur.





QUASI-LIPOGRAMME EN A MINOR OU LA RÉINTRODUCTION* Emmanuel Glais* Éditions Maïa* par Martine Lévesque

29 Février 2020



Le commentaire de Martine :
Cet essai, retrace le chemin que prend un jeune homme pour se trouver une place dans la société. Il cherche sa voie, sa mission dans un monde moderne où il ne se retrouve plus.
L’auteur nous partage une dimension philosophique des pensées d’un jeune homme en manque de vérité, d’engagement et de vérité. Hubert-Félix va trouver une voie, celle de faire sa marque dans l’écologie, en ramassant des appareils électroniques dans son voisinage afin d’être un modèle d’action écologique sur l’empreinte environnementale, éco-responsable et économique. De plus, il désire cette nouvelle activité pour se rentabiliser avec un revenu qui lui permettra de gagner sa vie.
Un texte qui amène une réflexion au lecteur, sur la condition humaine, la rentabilité, la consommation, l’écologie. Un essai qui touche la réalité, c’est une invitation à regarder le sens qu’à notre action et notre réalité sur la société moderne de surconsommation actuelle.
L’auteur avec sa plume, veut-il nous sensibiliser, nous confronter à notre propre engagement et réalité. C’est un écrit intéressant, on se demande si Emmanuel Glais veut nous confronter à notre réelle surconsommation ou bien poser un regard plus large sur la population actuelle. C’est une lecture qui permet de faire le ménage dans le sens de son implication et son interprétation de sa voie, de sa vie et de sa mission versus le monde moderne dans lequel on vit. 
Une bonne lecture, à refaire à différents moments de sa vie, afin de réfléchir sur sa réalité.






dimanche 8 mars 2020

Quasi-lipogramme en A minor ou La réintroduction - Emmanuel Glais



Début septembre, en Europe, c’est le retour des bouteilles consignées. [E.G.]

Un cri! Voici comment m'est proposé ce récit! Voici comment ce texte m'est révélé. Un cri où une lettre est perdue, détournée, envolée. L'objet du conte est tout de même ce cri d'une personne en devenir, d'un être en essor, qui cherche, qui se cherche, qui court vers une vie, vers une existence et un sens. Une lettre perdue qui, elle, donne un style tout en énergie, tout en rythme. Preste et vif comme le flux de pensée d'une jeunesse remuée, fugitive et bohème, tel le flot d'un printemps inconnu et inédit, en rupture et en quête de soi, une poursuite ininterrompue vers l'extérieur, vers dehors, outre Montfort-sur-Meu. Un cri, donc, et l’œil d'un jeune homme sur une société qui se meurt.

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J'ai aimé cet exercice qui a dépassé la contrainte pour nous transposer en toutes lettres ce que le protagoniste vit de ces quelques saisons, de ces quelques trimestres, de ses tribulations à la recherche d'appareils délaissés jusqu'à l'enchevêtrement de ses relations.

Si tu venais à poursuivre, Hubert-Félix te décevrait. Parfois, il vaut mieux ne pas savoir. De toute façon, il n’y a jamais eu d’intrigue et c’est volontaire, je ne suis pas un intrigant. [E.G.]








Publié le 16 Avril 2020 par Yv

Quasi-lipogramme en A minor, ou La réintroduction, Emmanuel Glais, Ed. Maïa, 2020....,

Hubert-Félix, jeune Breton hésite sur son avenir. Il veut entreprendre, gagner de l'argent. Natif de Pontivy, il vit à quleques kilomètres, à Montfort-sur-Meu, petite localité dans laquelle l'esprit d'entreprise ne peut pas être aisément assouvi. Un peu misanthrope, un peu râleur, un peu pessimiste, il livre ses pensées et ses doutes.

Le lipogramme est une figure de style qui consiste à produire un texte d'où est exclue au moins une lettre. L'exemple le plus connu -de moi- et pas le plus aisé à lire est La disparition de Georges Perec, sans la lettre e. Emmanuel Glais s'y essaie sans la lettre a. Néanmoins, il prévient dès le titre, c'est un quasi lipogramme, donc avec apparition possible de la lettre interdite, mais ça, je n'en dirai rien.

Pour ce qui est de ce roman, je l'ai beaucoup aimé, même si par moments, la mauvaise humeur, l'agacement et les diatribes de Hubert-Félix contre l'Europe, l'écologie, le travail, la routine, l'abrutissement du métro-boulot-dodo, la politique m'ont un peu gavé. Je comprends ses hésitations, ses interrogations, ses craintes et ses doutes, son inaction pour ne pas faire comme tout le monde, ses tergiversations, ... C'est le jeu et le but du roman que de montrer un jeune homme qui ne sait pas comment avancer, qui ne veut pas reproduire le modèle des aînés, mais ses envolées sont parfois un peu pompeuses et irritantes, un peu comme celles d'un ado qui sait tout sur tout et qui, même quand il ne sait rien un avis. Finalement, je peux dire que le portrait du jeune homme est parfaitement réussi, Emmanuel Glais a su décrire même l'irritation des autres face à Hubert-Félix. Il provoque et parfois touche lorsqu'il aborde un sujet sensible. Pas mal de réflexions sensées, de celles dont on se dit qu'elles sont frappées au coin du bon sens.

J'ai beaucoup aimé le texte., je pensais qu'avec un lettre en moins et pas n'importe laquelle, il serait plus nébuleux. Or, que nenni ! On y trouve des passages très bons et même excellents :

"Noël. Son lot d'hypocrisies. Le ventre plein, le nez poudré de truffes, les Européens, qui le reste du temps ne font rien ni pour leurs droits ni pour les désespérés, refont le monde." (p. 31)

"Ce qui est sûr, c'est que je suis né vieux, grincheux et cynique. Comprenez donc mon empressement de rester jeune -entre guillemets- je veux dire mon désir de vieillir moins vite, pour mourir moins vieux que prévu. En quelques mots, voici mon credo :

Être vieux jeu.

Vivre lentement.

Refuser le progrès.

Honnir le présent." (p. 72)

Mais ce livre n'est pas qu'une suite d'avis, d'emportements, de colères, il est un vrai roman sur le passage à l'âge adulte -que je n'aime pas cette expression, disons à une forme de responsabilisation. Hubert-Félix (hommage à Thiéfaine ?), s'il est parfois énervant est un vrai jeune homme de son époque qui offre de multitudes opportunités mais aussi un fort prix à payer. Le monde actuel nécessite une reconstruction, un changement radical. Avoir vingt ans, c'est se poser des questions sur son avenir c'est désormais également se poser des questions sur l'avenir du monde, de la planète.


http://www.lyvres.fr/2020/04/quasi-lipogramme-en-a-minor.html







25 avril 2020

"L'écriture est pleine de trouvailles, tout en restant simple et directe. C'est tendre et doux sans mièvrerie, critique et percutant sans verser dans l'excès, désespérant sans en faire des tonnes, sans concession ni solution ; le portrait d'une certaine jeunesse d'aujourd'hui qui hésite entre le refus de la société et le désir d'y devenir riche et célèbre, sonne juste et vrai. Oui, un bon roman, attachant et pertinent." Danièle Godard-Livet

https://www.lesmotsjustes.org/post/isolement-jour-40








Quasi-Lipogramme En A Minor ou La Réintroduction – Emmanuel Glais

2 juillet 2020 par Marc Dessart

Qui est Hubert-Félix, le héros du Quasi-Lipogramme En A Minor d’Emmanuel Glais ? Un pur personnage de fiction ? Une émanation de l’auteur qui exprimerait par son biais ce que lui inspire la vie et le monde dans lequel il évolue ? Peu importe. En fin de compte, chaque lecteur pourra, peu ou prou, se retrouver dans les questions, les hésitations, les doutes du héros un peu des siens.

L’auteur met en effet en scène un héros banal, confronté avec une certaine rudesse au monde qui l’entoure et qui essaie, au travers de mille et une interrogations, d’y trouver sa place. Hubert-Félix délaisse en effet les études pour se lancer, bille en tête dans le monde du travail. Il a un grand projet de recyclage des déchets numériques. Hélas, l’aventure se révèle plus compliquée qu’Hubert-Félix ne le pensait. Sans même parler des déboires sentimentaux et familiaux qu’il aura à affronter en même temps qu’une clientèle épuisante.

Roman contemporain sur le fond comme sur la forme, l’ouvrage d’Emmanuel Glais, sous des dehors parfois un peu provocateurs est avant tout un roman d’initiation. Ou plutôt der transition. Celle entre l’enfance, assez insouciante, que quitte avec fracas Hubert-Félix quand il arrête ses études et l’âge adulte, où l’insouciance est strictement prohibée sous peine de grandes désillusions.

Sur le fond, le parcours d’Hubert-Félix, ses interrogations, son cheminement, intérieur comme extérieur, interpellent à un moment ou à un autre. Le jeune héros de La Réintroduction, comme l’auteur appelle également son récit, est confronté à diverses épreuves qu’il devra essayer de surmonter pour devenir un adulte accompli. Trouver sa place dans le monde du travail, en renonçant au passage à certains idéaux naïfs. Affronter une déception amoureuse et tirer les enseignements de l’échec de celle-ci. Découvrir que ces parents sont – comme lui finalement – des êtres de chair (et de sexe) qui existent en dehors de leurs enfants.

Sous cet angle, j’ai retrouvé, dans la plume d’Emmanuel Glais, un peu de celle de Frédéric Beigbeder. Quelque chose qui oscille entre provocation et dépit. Un côté caustique mais en même temps désabusé. Une perception du monde typique d’une certaine génération. (Même si quelques années – et même plus – sépare les deux auteurs.)

J’ai retrouvé également dans la plume d’Emmanuel Glais – et c’est ici que j’apporte un sérieux bémol à ma critique – un style parfois un peu trop proche de celui de Beigbeder et d’autres auteurs actuels. Un style qui n’est pas inexistant, mais que j’ai trouvé un peu forcé, manquant de spontanéité. Avec des tournures forcées qui tombent souvent à plat, des expressions trop travaillées mais qui manquent de ce fait leur but.

Je n’ai pas non plus compris – mais peut-être suis-je trop traditionnel – l’intérêt de la contrainte du (quasi) lipogramme. S’interdire d’utiliser une lettre pendant (presque) tout le travail d’écriture représente – surtout s’agissant de la lettre « a » – une contrainte immense. On ne pourra que saluer l’effort. Tout en s’interrogeant sur ce que cela apporte concrètement au récit.

Bref, et sans que cela remette en question le fond du roman, l’écriture d’Emmanuel Glais est trop contemporaine pour moi et manque de fluidité. Ou, pour être peut-être plus précis, de maturité. Une maturité qui viendra probablement avec le temps. Laissons à Emmanuel Glais le bénéfice du doute.

Concluons cette critique en demi-teinte en saluant le courage du jeune auteur qui, pour se faire découvrir et apprécier, n’hésite pas à offrir son roman en échange d’une critique. Bonne ou mauvaise, il m’a laissé entière liberté pour l’écrire. Ce que je viens de faire avec plaisir.

Bonne continuation donc à Emmanuel Glais dans son périple d’écrivain. Qu’il ne se formalise pas (trop) de mon opinion. Elle se veut constructive. Sans oublier, évidemment, que la critique est aussi aisée que l’art est difficile.

Marc Dessart, 2 juillet 2020


https://livrelecteur.wordpress.com/2020/07/02/quasi-lipogramme-en-a-minor-ou-la-reintroduction-emmanuel-glais/


« Quasi-lipogramme en A minor » d’Emmanuel Glais, éditions Maïa – Olivier Stroh

Il y a du Perec et du Houellebecq dans le dernier roman d’Emmanuel Glais, pépite littéraire tant sur la forme que sur le fond.

Du Perec parce que, comme l’auteur de « La disparition » avait banni la lettre E de son livre, Emmanuel Glais opère le tour de force de ne pas utiliser la lettre A dans la quasi-totalité de son roman sans que cela n’endommage un style alerte et des phrases aux tournures jamais altérées par cette contrainte. La lettre A n’est réintroduite que dans les dernières pages du roman, sans fard ni artifice.

Du Houellebecq parce que le narrateur est un être désabusé qui s’investit mollement dans son commerce de recyclage de matériaux électroniques avant de se tourner vers un service civique à Lille choisi par défaut après avoir envisagé de partir loin, très loin de sa Bretagne et de sa ville-dortoir de taille moyenne. On suit ainsi les péripéties minuscules et les réflexions du personnage sur la vie, la nature, les relations sociales et sexuelles, ses journées qui s’enchaînent les unes pareilles aux autres, sa relation avec son ex Sybel, ses petites amours de passage, le terne de ce qui l’entoure et sa misanthropie. Celui-ci, tout à la fois, conchie un Occident épuisé et observe de loin le libertinage de ses parents, dépeints avec une ironie féroce, porte un regard cruel sur son frère bourlingueur et refuse de s’enfermer dans une vie sociale, n’arrive pas à savoir où il en est de sa vie et a du mal à choisir.

Emmanuel Glais fait de son héros un être banal dont le raisonnement sur les choses de la vie est le reflet de la médiocrité de nos vies respectives. Car là est le tour de force : le lecteur trouvera dans ce roman, à un endroit ou à un autre, le miroitement d’une réflexion qu’il a déjà eue un jour ou l’autre. « Quasi-lipogramme en A minor » est le livre lucide, sans concession ni atermoiement, de l’humaine condition d’un jeune adulte de la France que d’aucuns voudrait voir comme une start-up nation. Son auteur signe là une prouesse stylistique et narratologique. Il faut lire ce livre comme une catharsis de notre condition d’Occidentaux désappointés. Et le refermer avec la certitude qu’on tient là un auteur au regard acéré sur notre société et à la plume affutée pour ne rien laisser passer à celle-ci.

13 septembre 2020



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